January 31, 2018

Aghori de l'Alchimie

Il y a en Inde, un type de Saddhu qui est clairement à part de leurs confères. Ils vivent dans le tabou. La caste des Saddhu si l'on peut dire, est régie par des règles très strictes. Pas de possessions matérielles, pas de femme ou de relations sexuelles, pas de magie, pas d'alcool ni de viande. Il y a aussi des restrictions par rapport aux cycles féminins, etc.

Les Aghori font l'inverse. Ils adorent (vénèrent) le fluide menstruel. Pour eux créateur de Vie, source de fertilité Divine de la Grande Déesse Mère. Ils peuvent boire de l'alcool et manger de la viande, certains parlent de cannibalisme rituel. 
Ils font de la magie (et parfois de la magie nécromantique de haute volée - dans un champ de crémation, assis sur un corps fraîchement décédé de jeune femme par exemple, s'en suit alors l'évocation de Kali)... ils ont certains outils magiques propres (kapala ou coupe formée par un crâne humain, inscrit de mantram), ils se droguent (comme tous les saddhus classiques aussi). Et connaissent très bien l'art du Kamasutra. Dans l'impur se trouve le Divin, dans le tabou la liberté, dans ce que les hommes rejettent, il y a une perle pour eux. Mais ils ne sont pas des adorateurs des démons, mais de Shiva,de Kali ou de Ganesha ... de formes de destructions radicales des entraves menant à la liberté intérieure. Ils restent très clairs quant à leur objectif, et au final, assez sobre dans leur approche. Ils se sont donné une liberté, un droit qui leur permet alors de passer outre le dogme et de se rapprocher d'une pensée pénétrante, pour atteindre la vérité pure. 

Source https://www.naukrinama.com/stressbuster/wp-content/uploads/2016/05/Everyone-is-an-Aghori.jpg

Ce sont de bien curieux personnages, étonnants et hauts en couleurs. Longtemps ils sont passés pour des fous, des barbares, des psychopathes. Mais non. 

Nous avons aussi, en Alchimie, cette branche là. Le travail canonique, "propre" et aristocratique sur de l'argent ou de l'or est alors directement placé au rencart - même si connues, pour laisser place aux voies d'étables, de latrines, aux voies les plus "sales" (entendre, "salées"!), de tout ce qui est "salopé" (ou du jeu de mot : "sal.opus", ou travail des sels).

C'est un travail de proximité, c'est à dire que la matière vient de vous,  -peu importe de quel orifice, entendez mine-, elle sortira. Chaque mine donne sa matière selon une signature archétypale particulière. C'est ça, justement, qui est alors très très intéressant dans ces travaux.

Evidemment ces travaux ne sont pas réservés à quelques initiés, tout le monde peut s'y adonner. Cependant, cela demande alors des précautions d'usages que le travail en Magie et en Mystique permettrons de compenser. La violence, l'insidiosité, le chamboulement que cela provoque est ce que certaines personnes cherchent, ce que d'autres redoutent. Mais le travail sur une matière non "proche" peut parfois être plus difficile encore. 

Plusieurs choses sont pertinentes :

- Quantités de matières à profusion, et pas chères. Voies des pauvres.

- Trouver la matière qui inspire le plus de dégoût. Histoire de travailler ses résistances mentales, apprendre à dompter le Dragon qui nous répugne. (C'est une option de travail mais non obligatoire).

- Travailler sur soi même, sur le Microcosme. De manière plus pertinente. 

- Amplifier le travail psychique. Et sur la Nephesch.

- Comprendre qu'il n'y a ni pur ni impur, et que tout peut être porté à perfection.

Curieusement, travailler avec de l'alcool n'est en occident pas tabou, ou interdit. Cela devient arham uniquement dans la pensée Musulmane. Comme quoi... l'alcool est tabou ou libérateur de Soufres. Tout dépend de la vision utilisée.

Décriées, considérées comme des voies non viables car "ce sont des déchets ne contenant de fait rien de bon", n'apparaissent au mental de ceux qui ne voient que le pur dans du pur et excluent le reste (je ne rentrerai pas dans le débat du fait que l'idée de pureté est toute relative) que comme des voies de garages, bonnes à ceux qui cherchent un Alzheimer rapide et pas cher, en lieu et place à une ruine pécuniaire. (Notons que travailler l'or, coûte cher - cqfd). 

Rappelons nous de l'Aghori Alchimiste de son titre : l'Uber Bombastique Paracelsus Roi des Alchimistes, - notre maître à tous - qui avait pour l'histoire, dit à ses disciples "voici la matière certaine de l'oeuvre" et soulevant la cloche du plateau, dévoilait un bel et massif étron humain. Tous s'en allèrent, rouspétant. Le message n'était pas passé. (D'ailleurs je ne retrouve plus la référence de cette histoire, si vous l'avez vous m'écrivez, merci !)

Ces voies "animales" permettent de travailler sur cette "âme animale" ou Nephesch. Le travail des écuries d'Augias fait parti des travaux à mener. 

Clairement, il y a des productions à ne PAS ingérer. Les voies les plus sages, sont celles de l'urine, des fèces, de la salive, et sueur, voire des cheveux ou de la peau morte, pour les émotifs, celle des larmes. 
Le reste doit se faire si possible avec un guide qui connaît son affaire. Sinon je peux vous garantir qu'il y a des traits du corps humain (et donc des archétypes) qu'il vaut mieux éviter d'augmenter sous peine d'avoir de très très gros ennuis difficilement réparables. 

N'est pas Agorhi Alchimiste qui veut. Il y a clairement du risque. Et les têtes brûlées en quête de pouvoir personnel peuvent aller se rhabiller. De toute façon, nous sommes tous, ou presque des aghori de très petit niveau. Vous avez mangé de la viande aujourd'hui avec votre petit coup de pinard bourré de pesticides ? (Même si c'est un St Emilion). Bravo, welcome chez les aghori. La société occidentale est aghori négative, elle ne respecte pas tellement l'idée de cadavre, quel qu'il soit, lorsqu'il est animal - les consciences s'éveillent un peu plus en ce moment. Je ne vois donc pas pourquoi il faudrait alors jeter la pierre à ceux qui les distillent surtout si ce sont des parts d'eux même. 

De plus, l'aghori porte un réel grand respect à ce qui est le plus vile, le plus sale, et le moins évolué. Il peut ainsi intégrer dans sa psyché une chose d'une réelle portée spirituelle. TOUT EST UN. Car tout vient d'Un. Et tout est composé des mêmes éléments radicaux. Peu importe leur origine. En effet, lorsqu'on a vu de l'or "pur" devenir noir comme la poix et commencer à devenir pustuleux comme un crapaud, il est alors bon de se demander ce qui est réellement pur. C'est une illusion.

Réfléchissons -y, même symbolique, la naissance du Christ se situe de toute façon dans une étable. Dans la merde, entouré non d'humains à part ses parents, mais d'animaux, et de beaucoup de sels. Le sacrifice de Jésus, le fait de manger symboliquement son corps et de boire son sang, est un rite cannibale. C'est une sorte de "Prasadam", ou de consécration de la nourriture, qui porte une part de la puissance ou de la Shakti, en elle, et qui est donc condensateur fluidique. C'est un acte magique. Elle est alors ensuite partagée entre tous pour que, tous ceux qui en ingèrent, captent cette puissance et en soient transmutés. 

Il est impossible de fusionner dans le Tout si l'esprit refuse qu'une chose en provienne. Cette pensée, ancrée, est antithétique au but poursuivit, d'union spirituelle. Il ne doit y avoir ni goût ni dégoût dans ces voies. Et je dirais que le goût est plus dangereux que le dégoût.

L'enseignement du Bouddha Fukyo est très intéressant là dessus : Toute personne mérite respect car elle sera un jour sur le sentier du Bouddha. Toute personne est un potentiel Bouddha.

Je vous le dit donc : Toute matière mérite respect, car elle porte en elle le potentiel de la Pierre Philosophale parfaite, alliant le Ciel et la Terre en harmonie totale.

Transcendance et unification

Il est aujourd'hui important pour moi de parler de "Transcendance", de transcender, de passer outre, d'aller au delà, par dessus ou par dessous, mais toujours au delà de l'enrobage, du dogme, de la culture, de l'empreinte significative donnée par une personne, afin de trouver le sens caché et profond, le noyau dur du sens et du message. En un sens alchimique, nous pourrions dire, retirer la forme de la matière particulière, pour trouver le fond qui la constitue. 

Transcender son étape dans le cycle, transcender sa signature, transcender ses déséquilibres en principes (Sel, Soufre, Mercure)... l'Alchimie a cette faculté d'aller voir au cœur de la matière même, et avec sa simplicité, nous montrer que toutes les matières font unes lorsqu'elles sont vues depuis cet angle de transcendance. Le message est pratique, pragmatique, simple. Pas forcément aisé à voir de prime abord. Mais il est bien là.

"Shamanalchimyste" au travail.

J'ai toujours milité pour une universalité des matières pour l'Oeuvre. A mon sens il est illogique de dire que seules quelques matières sont aptes à subir la transmutation du Grand Oeuvre. Si nous les muons en leur primes matières, en leurs principes radicaux, entendez étymologiquement, "racines", alors quelle différence entre un cailloux et un bout d'antimoine ? Radicalement aucune. Du moment qu'elles passent dans le ventre du monstre, notre Solvant Secret, alors pas de problème. L'issue est la même pour toutes. En avant la marche d'évolution. Toutes la matières viennent d'une même Source. Tout est Un. Tout découle d'un Fondement Universel.

Simplement, nous ne devons pas perdre de vue que comme toute chose l'Alchimie a eu ses penseurs, ses modes. Fashion de travailler selon l'antimoine, fashion de travailler avec les amalgames ... j'en passe. Mais c'est à transcender aussi tout cela. Souvent les anciens n'avaient pas autant accès que nous à des lectures Alchimiques et les rares manuscrits ne circulaient que dans certains cercles, certaines villes. Difficile alors d'apprendre une Science telle que celle-ci uniquement avec un seul son de cloche. Cela a donné alors des travaux qui étaient alors eux même sous influences d'auteurs. Je ne dis évidemment pas que cela ne fonctionnait pas, non, simplement qu'il y avait orientation dans le travail. 

Certes, certaines matières sont plus faciles que d'autres à travailler, plus ouvertes. Elles donnent leur âme et leur corps plus facilement. C'est une question de commodité, de sens pratique. Je ne nie pas non plus cela. Mais le sens pratique fait en sorte qu'en Alchimie que "si l'on force, ce n'est pas la bonne voie". L'opératif n'a pas à violer sa matière. Elle le lui rendra bien de toute façon. C'est que ce n'est pas la bonne méthode, et la bonne méthode n'invoque jamais la violence.
Tout se fait normalement avec facilité. Avec le temps parfois, mais avec une relative douceur. Relative car un travail sur une matière en voie dite "sèche" et avec du Nitre ne donnera pas la même "douceur" en voie du Cinabre ! C'est une question d'adaptation à notre protagoniste. 


Du Shamanisme, de la pratique Alchimique, du Kundalini Yoga, 
de la philosophie des Gathas de de Zarathoustra.
Tout est bon si nous le faisons passer au tamis de la transcendance.


J'ai maintes fois pu expérimenter ce concept de transcendance grâce à la pratique Alchimique, et je le trouve capital dans un travail spirituel et pratique. C'est une chose qui est qui est disponible à tout à chacun.

De même, savoir se dégager des "formes" dans le travail spirituel est tout aussi capital. Ces dogmes tellement présents, que nous ne les voyons plus, nous les avons intégrés dans notre paysage mental et inconscient. Ils n'y a plus de contraste dans la vision que nous avons de notre monde extérieur, et de fait, il n'y a plus de travail intérieur non plus. Souvent, à cause de cela, nous préférons une spiritualité extérieure à la notre. Jusqu'à ce que nous nous rendions compte, au final, que celle qui était sous nos yeux dès le départ, était aussi riche et intéressante. 

Il a fallu passer par un contraste, que nous avons intégré (cette nouvelle spiritualité), afin que notre monde de départ reprenne de la couleur vis à vis de nous. Fondamentalement l'extérieur n'a pas bougé. Nous avons voyagé. Nous avons intégré des parts éparses, "d'ailleurs", pour les faire "d'ici". Et d'un coup ce "ici" redevient coloré et étonnant. Ainsi "l'habitude tue le désir" dit Freud, et je dis que le "quotidien tue le vivant". 

Regarder pousser votre pelouse chaque jour pendant 10 jours, pour vous elle ne poussera pas. Absentez vous 10 jours, elle aura poussé "d'un bon". Comme il est curieux de se rendre compte qu'il faut aller chez le coiffeur, par ce que "nos cheveux ont poussé d'un coup". Vraiment ?

Savoir transcender la forme, c'est aussi savoir intégrer et réunifier les sagesses du monde, sans leur format culturel. Jung parle d'Archétypes, il ne parle pas en prime abord de formats culturels. Il parle de transformations culturelles, d'un rendu. L'Archétype, lui, reste en place, avec son noyau de sens pur. Rawn Clark dirait "d'essential meaning". Ainsi je peux trouver la puissance aussi bien par un tigre en attaque, que dans un petit enfant qui "smashe" son ours en peluche par terre. Le sens est là. La forme, nous devons passer outre. Nous devons avoir l'oeil mental qui capte le moment d'expression de l'archétype. C'est un début de Vision Hermétique, c'est un début de décodage.

Ce sens pur, supérieur, primordial et radical (au sens étymologique de "racine") permet de reconnaître, au delà du brouillard du quotidien, au delà de l’étiquetage, de la ségrégation mentale, consciente ou inconsciente, ce qui pré-existe "Atziluthiquement". Et il s'agit de même, consciemment, d'aller chercher, et intégrer les messages et archétypes qui existent dans les diverses cultures du monde. L'Alchimie est ainsi une belle Babalon, capable d'aller d'intégrer n'importe quel système de pensée, culture, religion, philosophie et vision. Peu importe l'époque, le niveau, les enjeux. Elle fusionnera avec tout et sera un miroir de tout ce qu'on lui donnera. Cette souplesse d'acceptation, de pensée démontre bien son universalité même. Une capacité infinie ! La brider serait hérétique même. Un pêché contre l'esprit même de l'Alchimie. La limiter est gageure, démonstration de l'ignorance. Il en est de même d'ailleurs de deux soeurs qu'elle a, qui sont Astronomia et Magia.
Mais dans tous les cas, nous en faisons ce que nous en voulons. Mais dans mon esprit, dans ma vision, dans mon travail, j'essaie toujours de réintégrer ce qui fait sens, et ce qui fait universellement du sens, je tente d'aller chercher le plafond dans chaque concept, dans chaque cycle ou donnée, afin d'aller au coeur de la moelle. Ce qui vient enrichir le côté "no limits" de l'Alchimie. Permettant alors de déchirer les voiles qui ne permettaient alors pas auparavant de voir plus loin, plus vaste. On devient clairement plus "fou" à chaque pas. 

Le travail de la Théolithe n'est pas qu'une adoration cardiaque, émerveillement certes, mais surtout actions. Mise en Oeuvre - Grande mise en Oeuvre. Et plus la vision de l'adepte est vaste et "folle" (dans le sens où elle cadre avec sagesse à la Nature) plus cette mise en oeuvre sera vaste et universelle, collant au plus proche de la nature et de ses fonctionnements. Cela passe alors par un questionnement spirituel profond et un travail de cette Vision Hermétique. {Ne cherchez pas sur google "Théolithe", j'ai été déçu après l'avoir fait - donc étymologiquement de Théo, Dieu, et Lithos, Pierre, donc Pierre Divine ou donc, alchimiquement parlant, Philosophale - 'Pierre Philosophale' qui est un terme communément accepté par la communauté Alchimique, mais qui pourrait très bien porter un autre nom plu évocateur encore}. 

Savoir retrouver une sagesse ancestrale, fonctionnelle et utile dans notre travail Alchimique passe par des phases. Par des fils conducteurs. Ils se dénichent sur le temps, au fil des besoins, des blessures aussi. Nous comprenons alors la nature tant mystique et religieuse que shamanique (Shaman veut dire "qui voit dans le noir"), de pouvoir que de thérapeutique, que revêt un travail Alchimique. Bien qu'elle soit une Science Holistique, et qui porte elle toutes les réponses aux questions, nous pouvons aller voir ailleurs afin de comparer, de glaner et de rapporter cette sagesse. On ne peut jamais tromper l'alchimie. Elle englobe tout. Elle côtoie les Archétypes. Elle joue avec eux. Elle exprime son Jeu petit à petit lors des travaux et des coctions. Et personne n'est jamais oublié. Il y a là un clair dévoilement, mais comme au Poker, "on paie pour voir". Et la note est Salée.

Un point particulier peut parfois 'ressortir' d'un travail alchimique et faire écho, avec perfection, sur un point philosophique. Ainsi j'ai été très intéressé par les idées philosophiques de Zarathoustra. Devoir d'aider plantes, minéraux, animaux, humains, de leur permettre d'évoluer. Étonnantes paroles cadrant parfaitement avec le travail de la Nature et donc, de l'Alchimie. L'action de l'Alchimie dans ce monde, et via les mains qui lui sont rendues pleinement disponibles par le dévouement de l'Artiste (bien que l'Artiste ici soit la Nature, car l'Alchimiste est seulement un serviteur du Feu Sacré) est de nature sacrée et profondément spirituelle. Peut être cela semble être une action "normale" que de voir la Nature s'exprimer : les papillon papillonnent, les abeilles butines, les oiseaux chantent, la sève circule... mais à y voir de plus près, il y a de grands mystères, qui éblouissent l'Oeil, lorsque ce dernier a retiré les voiles obscurcissant l'entendement. Alors, un cycle universel est vu, une composition unique est vue. Et le Prisme Mercuriel est alors perçu et peut alors être utilisé.
Les anciens disaient ceci : L'Art s'obtient de deux Sources : Un bon ami initié dans l'Art, ou encore une Révélation Divine, ou Apocalypse. Evidemment nous devons "lire", mais il est clair que celui qui lit le livre de la Nature a directement les informations. De mon expérience personnelle, je puis dire que ces deux sources pour l'Art sont réelles et avérées et que le Grand Mystère ne se résout pas autrement.

L'Alchimie, peu importe le travail sur la matière, donnera l'expression à travers ce médium, des archétypes. Le Corbeau sera toujours le Corbeau Saturnien. La queue de Paon, le Blanc Lunaire, la Pierre Rouge Solaire ... etc. Ce sont des expressions Archétypales pures. La transcendance est de l'Oeuvre même. Son fondement, et sa mise en place, la transmutation successive, dans un cadre privilégié.

L'écoute, l'étude, l'observation de la Nature, avant même les écrits des Philosophes (cela vient après, car eux aussi ont en premier étudié la Nature avant d'écrire) permet alors de déceler des clefs qui résident archétypalement en permanence en Elle, et qui de fait, ne demande jamais a être écrits en quelque livre que ce soit. C'est en ceci que je trouve profitable d'aller voir ce qui se passe dans des domaines comme le shamanisme ou ce shamanisme énergétique orienté vers le Divin qu'est le Yoga, ou encore la biologie. Cela semble être un grand écart, mais non. C'est très complémentaire. Fulcanelli, par son observation de la nature et de la biologie ("enseignement/science du vivant" bio/logos) nous a montré qu'il n'y a jamais de génération sans le noir - dans le ventre, dans un oeuf, sous la terre. Entendez alors, dans un environnent hors lumière solaire comme il le mentionne, mais aussi, il faut l'entendre au delà de cela, sans nigredo. Sans éclipse. Ce qui évidemment, dénote un "noir" dans les astres de notre microcosme.

Le Grand Oeuvre est au delà du ballon et le monde est incarnation archétypale massive. Il n'en est pas autrement. Les données que l'on trouve dehors, doivent être intégrées dans le GO du Microcosme de l'Athanor. Sans quoi, la Pierre qu'on en retire n'est que cailloux. Et tout ce qui est rouge, n'est pas forcément la Pierre. Pour autant qu'elle ait cette couleur.

January 22, 2018

Interrogations

Dernièrement je mangeais avec un ami médecin, en stage de dernière année d'internat, il est amené dans le cadre de sa formation, à côtoyer divers professionnels de santé. Lors de notre entrevue, il m'a rapporté la discussion qu'il avait eu avec un de ses maîtres de stages.

Ce dernier l’interrogeait sur ses motivations quant à la médecine, et lui amenait trois raisons "universelles" selon lui, qui faisait qu'un praticien en venait à devenir professionnel de la santé : La Réparation. Le Voir. Le Pouvoir.



C'est selon lui les trois raisons fondamentales du "pourquoi" être médecin. Si vous avez lu mon ouvrage la "Quête Alchimique, 68 lois, etc" édité en 2016 chez Hermésia (Alliance Magique) alors vous avez probablement vous aussi médité sur cette question : Qu'est ce qui me motive réellement dans ma pratique alchimique ?

Dans un premier temps je dirais ceci : Cette démarche dans 99% des cas, dès le départ est égocentrée. Elle est faite par vous et pour vous. Vous avez le droit de ne pas être d'accord. Si vous pensez que vous êtes dans le non désir absolu, bravo, mais cela m'étonnerait fort, car dans ce cas, il n'y aurait aucune pratique de ce type. Il y a toujours une recherche, et toute recherche est la fuite de l'opposé de son but.
Même si vous vous occupez du devenir d'un.e autre, il y a un ressort qui fait qu'en votre fort intérieur vous êtes engagé. C'est pour cela que vous agissez.

Si nous reprenons les trois modalités ci dessus : 

- Vous avez besoin de réparer quelque chose. 
- Vous avez besoin de voir.
- Vous avez besoin de pouvoir (avoir du ~ sur, avec, pvr faire...).

Je suis tombé sur des cas où l'on me disait "je fais de l'alchimie par ce que je veux soigner ... ceci, cela, un proche, etc". C'est que ça vous concerne donc, car sinon, la démarche ne serait pas entreprise, car il s'agit de votre désir, de votre souffrance (ou compassion = "souffrir avec" étymologiquement parlant).

Ok, il n'y a rien de "mal" dans le fait de faire quelque chose "pour vous". Charité bien ordonnée commence par soi même, en effet, "nul ne peut transmuter s'il n'est transmuté lui même" (dixit le uber bombastic boss of Alchemy Paracelsus). C'est juste à repérer, à savoir et à comprendre. C'est un acte égoïste donc au départ. On dit que l'on ne fait pas des enfants pour soi même, mais ici, la Pierre c'est le cas. Au début du moins.

Vous pouvez objecter : "Ma pratique n'est que passion spirituelle", ... "pure curiosité", "rien d’égoïste". Certes. Mais vous êtes toujours dans le cœur du sujet même. 



La Pierre produite par cette Science Antique est porteuse (dis t'on) de :

- Santé et longue vie.
- Savoir.s.
- Richesse.s.

Dans les sens larges du terme.

Nous retrouvons donc nos trois raisons :

 - Réparer le.s corps, l'e.s esprit.s, et l'es âme.s, et le monde autour de nous si on a les yeux un peu ouverts, et prévenir les problèmes.
- Savoir, sagesse, comprendre, ouvrir et disséquer les matières, pour voir les choses.
- Avoir les coudées franches pour pouvoir ... créer, vivre, avoir ... etc. Ou avoir des capacités plus développées (mentales, ou autres).

Cette réparation provient en premier lieu de quatre sources :

- Extérieures. Vous avez vu un proche, un animal, ou quelqu’un souffrir au point ou l'impuissance vous a envahit (un peu, beaucoup, passionnément),  et vous n'aviez pas de recours autre que de trouver une solution par vous même.
- Votre esprit souffrait, et vous n'aviez pas de recours autre que de trouver une solution par vous même.
- Votre âme souffrait, et vous n'aviez pas de recours autre que de trouver une solution par vous même.
- Votre corps souffrait, et vous n'aviez pas de recours autre que de trouver une solution par vous même.

Voir et Savoir naissent de la souffrance de l'ignorance et du désir de savoir.
Vous sentez que quelque chose ne "va pas", qu'il y a plus dans ce monde que tout les philosophes ont pu rêver, et vous voulez du tangible, du concret, du dense, du ferme. Des réponses !! Légitime et sain. Esprit curieux, chercheur, alors le savoir est la porte d'entrée du temple. 
Cette désorientation profonde, ce sentiment d'être clairement perdu dans un monde que l'on ne comprend pas déclenche alors la tabula rasa, et la mise en route d'un travail alchimique d'envergure. Etude, lecture, réflexions, méditations, observations. Ceci, bien sûr, si la motivation première est de SaVoir (Voir - ça/ceci, là). 
Ce Voir, comme Saint Thomas, nous assure, non par Foi aveugle, noire comme celle du charbonnier, mais par la certitude de l'expérimentation, que nous avons bien là, "quelque chose", un début de fil dans cette pelote si embrouillée. Ne faisons pas comme Alexandre Le Grand avec le nœud Gordien, faisons comme Thésée et Ariane. C'est par le labyrinthe qu'on fini par se retrouver. On passe de la périphérie de la compréhension, à un centre éclairé.

Ce voir négatif est aussi voyeurisme. En médecine c'est vite vu. Mais en Alchimie nous avons à faire à des matières. Ce ne serait alors que du "tourisme" dans ce cas. L'expérimentateur mène alors son travail dans un seul but protocolaire, et n'y engage aucun respect. 

Cette sagesse acquise par l'expérience permet de cerner les aspects différents d'un même problème (ou solution). Nous avançons alors dans l'idée du Voir, à la Castaneda, qui permet de percer au delà de nos propres incapacité perceptives. D'éveiller l'esprit à ce qui est là, toujours, mais qui passe tellement inaperçu !

Le Pouvoir est alors inhérent à celui qui a VU, et qui a ainsi, compris que pour réparer la matière, il fallait la casser. Nous sommes ici aussi dans la nature duale. La matière devient poison virulent et finit par donner un élixir souverain. L'alchimiste invoque la funeste Faucheuse sur sa matière et elle termine Reine/Roi de la Terre et des Cieux. Le pouvoir est habité par l'inaction, et par l'inutilité de tout son battage, de son esclandre, de sa pompe, de sa richesse, de ses prouesses.

Cela aide alors à comprendre, accepter que les choses et les gens "cassent". Et qu'à chaque problème il y a une solution. C'est aussi cela le pouvoir : Avoir une solution viable, par un trousseau de clef qui n'en comporte qu'une seule : le Multipass. Le Pouvoir absolu c'est avoir une réponse unique à toutes les questions. Un seul remède pour toutes les afflictions. Une richesse qui n'est pas celle que l'on croit, une qui ne s'achète ni ne se donne. 

Etre sans pouvoir, sans capacités, sans ressources est souvent le moteur de départ de l'Alchimiste. La pauvreté, le rejet, la blessure, le complexe et la frustration. Le sentiment d'infériorité même. Ne rien être, ne rien avoir, - source de souffrances et de désirs. Répulsion/attraction. Le pouvoir attire. Se sentir plus armé face au monde c'est toujours être dans le monde et même du monde. C'est aussi sentir que l'on doit s'en défendre et psychologiquement c'est déjà poser la vie en ennemie. En source de malheur et de mal être. Etre mal, être faible, être ceci ou cela ... C'est pleurer sur son sort au final. Non que cela ne soit pas nécessaire, mais la prise de conscience doit permettre de sortir de cette ornière.


Penser que réparer, sa;voir, pouvoir via l'alchimie, permettra de solutionner le problème de votre existence n'est pas totalement faux. Mais certainement pas totalement juste non plus. Il faudra un jour ou l'autre laisser le labo et tout le reste derrière soi. Personne ni rien ne vit pour toujours. Réparer est un pouvoir. Prévenir la casse aussi. Sa/voir et Pouvoir sont main dans la main et ont un cercle qui peut être très vertueux, ou très malheureux, débouchant alors sur la fièvre, la frustration, l'augmentation de l'égo, puis la folie sous toutes les formes possibles, et finalement, l'auto destruction totale, à des plans que vous n'imaginez même pas. Au lieu de rassembler, cela a fragmenté, appauvri, tué, au lieu de rendre vivant et prospère.

- Le blessé ou le souffrant, cherche la réparation.
- L'ignorant, cherche le savoir.
- Le faible menacé, cherche le pouvoir.

Ainsi :

- Le fou cherche la paix de l'esprit.

La racine de l'action alchimique est psychologique, comme tout ce que nous cultivons dans notre vie. Nous cultivons ce qui nous manque en nous même. C'est elle qui va déterminer la qualité du travail alchimique. Ses tenants, orientations, aboutissants, et effets sur le long terme à des niveaux qu'il est difficile ensuite d'accéder. 

Les dégâts causés par l'alchimie sont très, trop souvent insidieux. Je ne parle pas forcément de ces métaux lourds, de ces intoxications massives ou lentes qui rendent clairement Alzheimer ou Parkinson comme les Aghori Alchimistes mal protégés - et les voies des latrines. 

Je parle de potentiels humains, énergétiques, mentaux, psychologiques, de personnalité même. L'impact d'une pratique alchimique est souvent aussi dure qu'un travail sur un ring de boxe, ou un retour de croisade (intérieure). Les coups ne sont pas pris dans le corps (bien que ... il m'a souvent été difficile de faire 20 mètres avec une posture debout digne de ce nom, tellement épuisé que respirer est un calvaire, une épreuve si difficile que l'on souhaite cesser ce flux d'efforts ventilatoires pour de bon). 
Non, je parle d'un égo qui prend un coup, pas toujours positif parfois car le travail est alors source d'identifications et d'attachements mentaux et émotionnels, ou encore d'une modification profonde dans le métabolisme de base de certains centres énergétiques, ce qui modifie pas mal de choses. Pour peu que certains samskaras, traces, graines de karmas n'aient pas été purgés auparavant, cela peut générer de vrais, gros soucis sur le long terme. Avec des fins funestes.

Je pense qu'il est très important de VOIR clairement. D'appliquer un POUVOIR avec, et non "sur". De faire EVOLUER plutôt que de chercher a réparer. Ce ne sont pas toujours des choses simples à intégrer. Mais la base de tout cela c'est VOUS. Car c'est un acte pour vous, que vous avec engagé (pour vous, bis), et pas contre vous. L'Alchimie parfois se retournera contre vous. Avec la guidance des maîtres, que j'invoque sur vos têtes si vous l'acceptez, alors vous verrez clairement que le pouvoir est transcendant et qu'il réside en vous même, mais qu'il y a bien un prix à payer pour tous les travaux engagés.

Au delà donc des désirs qui tendent vers ou hors une influence, vous passerez au delà de ces tiraillements intérieurs inconscients (ou pas) et vous ne chercherez pas le plaisir ou le bonheur, un "MOI", via le SaVoir, le Pouvoir, la Réparation ou la Prévention. Mais vous serez alors libre de poursuivre ou non, sans regrets, sans remords, sans gêne, sans envies, sans besoins. 

C'est cela l'Alchimie sans passion, sans désir, sans besoin d'expérimenter.
Il y a savoir, il y a évolution, il y a révolution. Vous pouvez alors être dans l'agir sans agir, dans l'action épurée. Sans soubresauts émotionnels - qui ne sont qu'immaturité. Sans besoins d'attentes spécifiques. Sans peurs cachées. Quand le Dragon a fini de dévorer sa queue et tout le reste, alors ceci apparaît doucement mais sûrement. Avec légèreté. Avec questionnements. Avec étonnement. Mais toujours avec liberté. Libre d'être, de faire, de choisir ce que l'on veut.

Alors on peut exercer la réparation/évolution libre.
Alors on peut voir et savoir de manière libre.
Alors on peut avoir du pouvoir, et l'exercer libre.

Fondamentalement, rien ne change extérieurement. La recherche reste la même, la pratique du laboratoire aussi. Les buts peuvent très bien rester inchangés - santé, pouvoirs divers, richesses, savoirs. Mais tout ce qui sous-tend cela n'est plus du tout le même. Et voyez vous, c'est VRAIMENT ça qui compte.

Ceci peut très bien être gagné (ou perdu, tout dépend comme on le voit), par la pratique Alchimique. Mais j'aime aussi l'approche mystique pour ma part, et la psychologie, le Jnana Yoga, le Zen et la présence sont des aides inestimables, qui permettent de traiter l'arbre à la racine, histoire que les fruits qu'il donnera ne seront pas amers. Au delà de ces pratiques, le travail en énergétique (chi king, mystique, prière, yoga, théurgie, et j'en passe) peuvent apporter des solutions idoines et compensatrices des malheureux dégâts provoqués par les usures archétypales, ces déséquilibres engendrés inévitablement par une pratique sérieuse et qui ne sont pas toujours réparés malgré tous nos efforts les plus sincères. 

Soyez Libre.